« Il y a des femmes qui ont la modestie aussi grande que le courage. Valérie André en fait partie et de nombreuses femmes militaires et civiles lui doivent aujourd’hui de pouvoir piloter. » (Jean Lartéguy)
Le médecin général Valérie André est mort hier (le jour anniversaire de la mort du Roi Louis XVI) à l’âge – plus que respectable ! – de 102 ans, et je me fais aujourd’hui un devoir de rendre hommage à cette femme exceptionnelle à plus d’un titre.
Chez nous, et en Occident, le féminisme est à la mode. Il ne se passe pas un jour sans que l’on dénonce la suprématie du mâle, du « macho », dans tous les domaines. On veut partout la parité, l’égalité homme/femme (pardon : femme/homme) et des quotas de donzelles dans presque tous les métiers (1).
Comme si la compétence était une affaire de sexe ou de pourcentage. Et ne parlons pas de cette épouvantable écriture dite « inclusive » (qui voudrait même nous imposer un neutre – « iel » – pour les transgenres). Tout ceci est ridicule ! Par démagogie – par clientélisme, car les femmes sont plus nombreuses que les hommes – les leaders politiques ont remplacé « Français, Françaises » par « celles et ceux ». Ce mal nous est arrivé avec Macron, mais il faut croire qu’il est contagieux. Pourtant notre langue est belle et je ne crois pas utile de la dénaturer, de l’enlaidir voire de carrément la massacrer. Depuis toujours, le pronom masculin « ceux » englobait tout le monde, c’était plus joli, plus agréable, plus harmonieux à l’oreille, que le pathos verbeux de nos modernes technocrates, des « bobos » et des cuistres qui veulent être « tendance ».
Jadis, par galanterie, on commençait un discours par « Mesdames, mesdemoiselles, messieurs », mais le « damoiseau » d’Ancien Régime ayant disparu de notre vocabulaire, par souci d’égalité, on a aussi supprimé la « damoiselle » ou demoiselle. Accessoirement, on est en train de tuer la galanterie chez l’homme, et le jeu de la séduction chez la femme. C’est bien dommage ; on a le droit de regretter la belle langue d’antan sans être ringard !
« La Demoiselle » restera dans l’histoire pour avoir été le premier avion léger créé par Alberto Santos-Dumont. Cet appareil a accompli son vol inaugural le 16 novembre 1907 à Issy-les-Moulineaux, équipée d’un moteur bicylindre d’à peine 20 cv.
Cet avion m’offre une bonne entrée en matière pour vous parler du général Valérie André. C’est volontairement que j’écris « du général » et non « de la générale » car, n’en déplaise aux harpies féministes, « La générale » répond à des définitions précises :
C’est
a)- une sonnerie de clairon (ou une batterie de tambour) appelant les militaires à rejoindre leur poste de combat ;
b)- l’épouse d’un général ;
c)- une répétition générale au théâtre.
Mais venons en à mon sujet du jour ; l’histoire d’une centenaire qui n’était pas tarabustée ou obsédée par sa condition féminine, Madame Valérie André. Le 21 avril 2022, le général Valérie André, que ses frères d’arme d’Indochine surnommaient « Madame Ventilo », fêtait ses 100 ans. Ce jour-là, le monde de l’aéronautique, la médecine de guerre, les anciens d’Indo et d’Algérie, lui ont rendu hommage ô combien mérité ! L’histoire de Valérie André incarne les valeurs de courage, d’altruisme, d’audace et de dépassement de soi. Elle a été officier, pilote, parachutiste, neurochirurgien, et femme de guerre.
La petite Valérie est née le 21 avril 1922, à Strasbourg, au sein d’une famille nombreuse, une famille d’artistes, qui ne la prédisposait pas à une vie plus que trépidante de baroudeuse. Son premier contact avec l’aviation aura lieu sur le terrain de Strasbourg.
Elle offre, très émue, un modeste bouquet de pivoines à l’aviatrice Maryse Hilsz qui vient juste de se poser. Puis, son bac en poche, le virus de l’air la taraude déjà et elle prend ses premières leçons de pilotage sur un avion « Potez ». L’entrée en guerre de la France stoppe son apprentissage et elle commence des études de médecine à Clermont-Ferrand. Durant ses études, une rencontre va marquer sa vie, celle du professeur Binet, qui lui propose de se spécialiser en médecine de guerre et d’aller rejoindre une équipe médicale en Indochine. Valérie n’hésite pas, plutôt que le confort lucratif d’un cabinet privé, elle choisit une carrière militaire, dans le Corps Expéditionnaire mal équipé qui se bat dans une guerre perdue d’avance en Extrême-Orient !
Elle se retrouve en 1949, à l’hôpital de My-Tho. C’est à cette époque qu’elle passe son brevet parachutiste. Elle entre dans la grande famille parachutiste durant la même période qu’une autre grande dame oubliée, une dame elle aussi d’un courage exceptionnel, la journaliste Brigitte Friang.
En 1950, Valérie André arrive à convaincre sa hiérarchie de la nécessité d’apprendre à piloter un hélicoptère pour aller chercher les blessés dans les zones inaccessibles autrement que par air. Elle revient en France et passe son brevet de pilote sur « Hiller » à Cormeilles en Vexin, puis elle repart en Indochine. Le capitaine Valérie André fait partie de l’équipe du colonel Alexis Santini (qui deviendra plus tard son époux), et du lieutenant Henri Bartier.
Ils mènent des « Evasan » (2) sous le feu ennemi et avec l’angoisse d’arriver trop tard. Les blessés étaient installés dans des paniers d’osier, de chaque côté des portes du cockpit, au niveau des patins de l’hélicoptère. « Sur les trois pilotes, l’un d’eux est une femme. Un tout petit bout de femme. Et ce petit bout de femme est un grand bonhomme. Elle est à la fois pilote d’hélico et médecin. Elle s’appelle Valérie André… » écrira beaucoup plus tard le général Jean-Paul Salini, ancien pilote de chasse en Indochine.
Ses frères d’arme la surnomment « Madame Ventilo ». Avec son hélicoptère « Hiller 360 », elle recueille en brousse, dans les pires coins, des soldats blessés qui n’auraient pas supporté un long brancardage vers un centre hospitalier. Pour les populations locales et tous ceux qui lui vouent une reconnaissance sans limite, elle devient « la femme descendue du ciel ». En avril 1952, elle sera la première femme à avoir apponté sur la plateforme d’un navire de guerre – « l’Arromanches » – mouillé en baie de Ha Long.
En 1959, c’est en Algérie que le colonel Valérie André repart en guerre, cette fois à bord d’« Alouette » et de « Sikorski 365 ». Ses missions seront toujours accomplies pour sauver des vies humaines, au péril de sa propre vie.
Le 21 avril 1976, Valérie André décrochait ses étoiles de général de brigade, une première dans l’Armée française. Son amie Catherine Maunoury lui dira à cette occasion :
« Tu n’as jamais frémi ni tremblé. Tu as toujours mesuré et accepté le risque, le danger mais tu écartes naturellement la peur car tu places plus haut encore ta mission, ton devoir de sauver des vies. Coûte que coûte. »
Le général Valérie André était Grand-croix de la Légion d’honneur, Grand-croix de l’Ordre National du Mérite et titulaire de la Croix de guerre avec sept citations.
Chapeau Madame ! En ce jour où vous rejoignez l’Archange Saint-Michel, le saint patron des paras, recevez mes hommages et mes respects !
Eric de Verdelhan
1)- La magistrature, assise ou debout, compte 65 % de femmes, 80 % chez les enseignants, 90 % chez les infirmiers, 60 % en fac de médecine, etc. etc.
2)-« Evasan » : évacuation sanitaire en jargon militaire
Il y a effectivement des êtres humains , hommes ou femmes , qui ont eu un destin exceptionnel ...
Il y a également une femme très connue dans le milieu maritime en Bretagne ,c'est Anita Conti ...Elle a accompagné les pêcheurs en Islande, Elle a également été mandatée pour aller au Sénégal.....apprendre aux hommes à pêcher...
Elle a probablement aidé les sénégalais à vivre ...et ils lui en ont été très reconnaissants.
Il y a quelques bateaux qui s'appellent l'Anita Conti .
Ceci dit, c'est exceptionnel , et à mon avis , ça doit le rester , car ce sont des femmes qui ont presque tout donné à et pour leur métier , et qui n'ont pas vraiment eu d…
Beaucoup de respect pour cette grande dame pétrie de courage et d'abnégation qui a tant de fois risqué sa vie pour les soldats français. Beaucoup d'hommes n'auraient pas eu son courage. Elle fait partie de toutes ces personnes qui ont donné ou sacrifié une partie de leur vie pour notre pays. Comme tant d'autres, elle a dû quitter la vie en étant bien déçue de voir ce que la France est aujourd'hui devenue...Qu'elle repose en paix avec tout notre respect et notre admiration.
D'abord je m'incline à la mémoire de cette grande dame qui a fait honneur à l'armée Française en Indochine et en Algérie . Elle fut de tous les sauvetages où des vies étaient en danger , même au péril de la sienne . Ayant choisi d'embrasser la carrière militaire pour défendre son pays ; elle fut d'une vaillance qui force l'admiration . Valérie André gravit tous les échelons militaires et finit général de brigade . Notre chef d'état actuel devrait prendre en considération la condition féminine et donner aux meilleures d'entre elles des hautes fonctions d'habitude réservées aux hommes ; cela le valoriserait au regard de ses compatriotes Féminines . Le problème est que cet homme qui nous gouverne n'aime…
Une grande patriote nous a quitté,qu'elle repose en Paix.
Félicitations pour "l'engagement" de Place d'Armes, qui vient, semble-t-il de censurer ma réponse à monsieur Martino. C'est la seconde fois que je suis censuré sur ce site. La première fois , je suggérais de soutenir la mémoire de Marcel Bigeard. Trop "engagé"... sans doute ?