Cette après-midi, suite à la « Marche kaki », je voudrais faire plusieurs remarques.
D’abord rendre hommage au disparu : un militaire sait lorsqu’il s’engage qu’il met son existence en jeu, qu’il est possible qu’au cours d’une mission il perde la vie. Cette date du 11 novembre nous le rappelle parfaitement. Le caporal-chef Emmanuel Cueff savait cela. Et certainement qu’il a plusieurs fois pensé à sa propre mort.
Par exemple :
À une mort en plein ciel avec son pépin se mettant en torche…
Mais pas à celle-là !
À une mort en sautant sur une mine à des milliers de kilomètres de la mère patrie : au Kosovo ou en Afrique…
Mais pas à celle-là !
À une mort lors d’une marche commando après une crise cardiaque foudroyante !
Mais pas à celle-là !
Pas à cette mort sordide au sortir d’un restaurant sur un parking de Montauban parce qu’il protégeait sa femme de l’agression de racailles.
À travers Emmanuel Cueff, nous découvrons cette France incapable d’assurer sa sécurité sur son propre sol alors que lui l’a assurée pour elle pendant des années à l’étranger.
Ma deuxième remarque sera sur le silence des médias et du gouvernement et le déchaînement contre nous d’une certaine presse.
Mesdames et Messieurs de l’AFP, durant trois jours vous n’avez pas publié la moindre dépêche sur l’agression tragique commise contre notre camarade. Est-ce un oubli de votre part ou tout simplement que le meurtre d’un ancien para ne cadre pas avec votre ligne éditoriale ?
Simple question : si le meurtre avait été commis par un militaire votre traitement de l’information aurait-il été le même ?
Autres questions, celles-ci à nos gouvernants : Monsieur le ministre de l’Intérieur pourquoi n’avez-vous pas trouvé le temps d’envoyer un message de condoléances à la famille ? Et vous, Madame la ministre des anciens combattants pourquoi ne pas vous être déplacée après ce meurtre d’un ancien ? Pourtant Madame Darrieussecq le Tarn-et-Garonne n’est pas très loin des Landes ?
Maintenant, laissez-moi dire quelques mots sur le déchaînement de certains médias prenants leurs sources auprès de La Dépêche et de l’AFP. D’abord, je tiens à les remercier. Grâce à eux Place d’armes est connue dans toute la France. Plus sérieusement, je voudrais revenir sur trois points :
– Place d’armes, qui a comme base 27 000 militaires signataires de la lettre aux gouvernants dont 61 généraux, est parfaitement dans son rôle en organisant cette « Marche kaki » !
– Nous avons différé notre marche, après les obsèques, au 11 novembre à la demande de la famille. Si la famille voulait qu’elle n’ait pas lieu pourquoi nous avoir simplement demandé de la différer ?
– Après avoir été traités de factieux par le gouvernement, nous sommes devenus une association d’extrême droite. C’est donné beaucoup de poids à l’extrême droite quand on sait que le sondage du 28 avril nous donnait 58 % de personnes favorables à notre lettre. Ce n’est pas ce gouvernement, ni d’ailleurs aucun candidat à la présidentielle qui peut se targuer d’un tel chiffre !
Mais laissons de côté toutes ces bisbilles, aujourd’hui nous sommes présents pour partager, quoi qu’en disent certains, la peine de la famille et des amis d’Emmanuel Cueff. Nous compatissons à sa tristesse, au vide intolérable qu’elle laisse pour ses proches. Nous espérons que les coupables seront bientôt retrouvés et punis comme ils le méritent. D’ailleurs en parlant de coupables, France 3 et La Dépêche sont plus promptes à diffuser de fausses informations sur les défenseurs de la victime qu’à en savoir plus sur les coupables et leurs motivations…
Pour conclure, il est important que les autorités de ce pays sachent que nous serons toujours aux côtés des Françaises et des Français victimes d’agressions. Nous n’hésiterons pas dans ces cas à nous joindre aux rassemblements dénonçants la violence systémique qui touche nos compatriotes.
Jean-Pierre Fabre-Bernadac
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